Travaux de la classe "littérature et société" sur la peine de mort
Les élèves ont travaillé sur la figure de Victor Hugo, et sur son engagement contre la peine de mort. Ils ont essentiellement lu des extraits d'œuvres de l'auteur disponibles sur le site de l'Académie de Rouen qui présente une séquence très intéressante sur le sujet, séquence réalisée par Danielle Girard (http://lettres.ac-rouen.fr/francais/dernier/accueil.htm).
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Pour poursuivre la réflexion sur le sujet, je propose à tous les élèves du groupe de lire les documents complémentaires, de s'en inspirer pour nos débats futurs, et enfin de nous faire part de leurs commentaires. J'ai choisi de remonter très loin dans le temps avec Thucydide, de m'arrêter ensuite sur des auteurs canoniques, et enfin d'aller voir du côté de la chanson.
Bonne lecture à tous !
Documents complémentaires sur le thème de "la peine de mort"
Quelques textes à lire et à commenter sur la peine de mort de l'Antiquité au XXIème siècle
Le premier texte choisi est un extrait de La Guerre du Péloponnèse, Livre III, de Thucydide ; c'est le fameux discours de DIODOTE (un extrait), prononcé lors du premier débat parlementaire connu sur la peine de mort qui s'est déroulé en 427 avant J.C., date à laquelle Diodote, faisant valoir que ce châtiment n'avait pas d'effet dissuasif ( et oui cet argument était déjà mis en avant) a réussi à persuader l'Assemblée athénienne en Grèce de revenir sur sa décision d'exécuter tous les adultes mâles de la ville rebelle de Mytilène.
Diodote est un orateur athénien. En 427 av. J.- C., l'île de Lesbos rompit son alliance avec Athènes et s'allia aux Spartiates. Peu après, une armée athénienne s'empara de Mytilène, capitale de l'île, et le peuple athénien rendit un décret de mort contre tous les Mytiléniens. Une galère partit avertir l'amiral Pachès, qui devait exécuter cet ordre. Mais Diodote fit rapporter le décret et le massacre fut évité.
Source : http://remacle.org/bloodwolf/historiens/thucydide/livre3.htm#XL
Ce discours succède au discours de Cléon qui plaide pour la mise à mort des habitants de Mitylène. Texte choisi pour sa force persuasive et sa beauté stylistique, mais aussi pour sa sagesse pratique. Diodote va surtout faire preuve de sang-froid et de réalisme en décidant d'argumenter autour non pas de la notion de justice mais de la notion d'intérêt pour la cité. Enfin son discours est en quelque sorte celui d'un visionaire :
[...] XLIV. - [...]" Cléon affirme que la peine de mort aura l'avantage de diminuer à l'avenir les défections des alliés ; pour moi, relativement à vos intérêts futurs, j'affirme et je soutiens le contraire. Et je vous invite à ne pas vous laisser séduire par ce qu'il peut y avoir de spécieux dans son discours, pour repousser ce qu'il peut y avoir d'utile dans le mien.
Ses arguments plus conformes à une justice sévère et à votre colère contre les Mytiléniens sont de nature à vous convaincre ; mais nous ne sommes pas des juges ; nous n'avons pas à rechercher le droit strict, mais à délibérer sur ce que réclame à leur sujet notre intérêt.
XLV. - "Dans les États la peine de mort est instituée pour de nombreux crimes moins graves que celui des Mytiléniens ; néanmoins le coupable s'y laisse emporter par l'espérance du succès et court le risque. Nul, en tramant un complot, ne s'expose avec l'idée qu'il ne s'en tirera pas. Et de même quelle est la cité qui s'est rebellée avec l'idée que ses forces ou celles de ses auxiliaires complices ne l'autorisaient pas à tenter cette défection ?
La nature incite les États comme les particuliers à commettre des fautes. Aucune loi ne les en empêchera. On a parcouru toute la série des peines, en en ajoutant toujours de nouvelles pour réduire le nombre des crimes. Vraisemblablement autrefois les peines étaient plus douces pour les plus grands crimes. Mais comme on finissait à la longue par les affronter, elles ont presque toutes abouti à la peine de mort. Et celle-ci même on la brave.
Force donc est de trouver quelque châtiment qui cause plus d'effroi à l'homme ; ou bien, il faut avouer que la peine de mort n'empêche aucun crime. La misère, sous la pression de la nécessité, inspire l'audace ; l'abondance, par l'effet de l'orgueil et de la présomption, fait naître des appétits insatiables ; les autres situations provoquent des passions ; bref chacun est poussé par quelque passion irrésistible et dominante, qui le fait s'exposer au danger. Ajoutez l'espérance et la convoitise ; celle-ci précède, l'autre suit ; l’une formant des projets, l'autre suggérant le concours de circonstances favorables, toutes deux causent les plus grands maux et quoique invisibles sont plus redoutables que les dangers manifestes. Enfin la fortune joint ses excitations tout aussi vives. Il arrive que, survenant à l'improviste, elle pousse l'homme à agir même avec les moyens les plus réduits. C'est particulièrement le cas des États, d'autant plus que les plus grands intérêts, la liberté et la volonté de puissance y sont en jeu ; et que chacun sans raison, et tous les autres avec lui, s'estiment au-dessus de leur propre valeur.
En un mot il est impossible, il est d'une extrême naïveté de croire que l'homme, quand il se porte avec ardeur à quelque entreprise, peut être arrêté par la force des lois ou par quelque autre crainte.
XLVI. - "
Gardez-vous donc de penser que la peine de mort soit une sûre garantie et de prendre une résolution désastreuse ; gardez-vous également d'enlever aux insurgés tout espoir de repentir et toute possibilité de racheter à bref délai leur faute. [...]
Évitons donc, en nous montrant des juges rigoureux des fautes d'autrui, de nous faire tort à nous-mêmes. Ayons soin plutôt, en infligeant aux Mytiléniens un châtiment proportionné à leurs fautes, de laisser ces villes disposant de ressources pécuniaires nous être utiles. Ne fondons pas notre sauvegarde sur la rigueur des lois, mais sur notre sage et prévoyante activité.[...]
XLVII. - "Et vous voyez quelle serait votre faute, si vous suiviez les conseils de Cléon.[...]. Si vous faites périr le peuple de Mytilène, ce peuple qui n'a pas participé à la rébellion et qui, une fois armé, vous a spontanément remis la ville, d'abord vous commettez une injustice en mettant à mort vos bienfaiteurs, ensuite vous rendez aux grands le service qu'ils désirent le plus ardemment. Chaque fois qu'ils pousseront une cité à faire défection, ils auront immédiatement le concours du peuple, puisque vous leur aurez montré que vous réservez le même châtiment aux coupables et aux innocents. Même s'ils vous ont attaqués injustement, encore faut-il fermer les yeux, pour ne pas vous aliéner les seuls alliés qui vous restent.
Pour maintenir votre domination, il vaut beaucoup mieux vous résigner à subir l'injustice que punir justement des gens que vous devez épargner. Quoi qu'en dise Cléon, la justice et l'utilité ne peuvent se trouver réunies dans lé châtiment qu'on vous propose.
XLVIII. - "Reconnaissez que c'est là le plus sage parti et sans accorder plus qu'il ne faut à la pitié et à l'indulgence, - sentiments contre lesquels je vous mets en garde - n'écoutez d'autres conseils que les miens. Jugez de sang-froid les Mytiléniens que Pakhès vous a envoyés comme coupables ; mais laissez aux autres la libre disposition de leur cité. Voilà ce qui pour l'avenir est avantageux et présentement redoutable pour vos ennemis.
Contre des adversaires de sages résolutions ont plus de poids que la déraison appuyée sur la force (223)."
XLIX. - Telles furent les paroles de Diodotos. Ces deux discours contradictoires et d'égale habileté laissèrent les Athéniens indécis. On passa au vote et les deux avis recueillirent un nombre de voix à peu près égal.
Ce fut pourtant celui de Diodotos qui l'emporta.
Au XVIIIème siècle, Voltaire s'empare de la question.
Voltaire,
Commentaire sur le livre "Des délits et des peines", X, 1766 (
Des délits et des peines : ouvrage du jurisconsulte italien Beccaria qui dénonce les erreurs judiciaires, les procédures bâclées, l'usage des preuves douteuses et la cruauté des châtiments)
"On a dit, il y a longtemps, qu'un homme pendu n'est bon à rien, et que les supplices inventés pour le bien de la société doivent être utiles à cette société. Il est évident que vingt voleurs vigoureux, condamnés à travailler aux ouvrages publics toute leur vie, servent l'Etat par leur supplice, et que leur mort ne fait de bien qu'au bourreau, que l'on paye pour tuer les hommes en public. Rarement les voleurs sont-ils punis de mort en Angleterre; on les transporte dans les colonies. Il en est de même dans les vastes Etats de la Russie; on n'a exécuté aucun criminel sous l'empire de l'autocratrice Elisabeth. Catherine II, qui lui a succédé, avec un génie très supérieur, suit la même maxime. Les crimes ne se sont point multipliés par cette humanité, et il arrive presque toujours que les coupables relégués en Sibérie y deviennent gens de bien. On remarque la même chose dans les colonies anglaises. Ce changement heureux nous étonne; mais rien n'est plus naturel. Ces condamnés sont forcés à un travail continuel pour vivre. Les occasions du vice leur manquent: ils se marient, ils peuplent. Forcez les hommes au travail, vous les rendrez honnêtes gens. On sait assez que ce n'est pas à la campagne que se commettent les grands crimes, excepté peut-être quand il y a trop de fêtes, qui forcent l'homme à l'oisiveté, le conduisent à la débauche.
On ne condamnait un citoyen romain à mourir que pour des crimes qui intéressaient le salut de l'Etat. Nos maîtres, nos premiers législateurs, ont respecté le sang de leurs compatriotes; nous prodiguons celui des nôtres.[...]
Il y a des affaires criminelles, ou si imprévues, ou si compliquées, ou accompagnées de circonstances si bizarres, que la loi elle-même a été forcée dans plus d'un pays d'abandonner ces cas singuliers à la prudence des juges. Mais s'il se trouve en effet une cause dans laquelle la loi permette de faire mourir un accusé qu'elle n'a pas condamné, il se trouvera mille causes dans lesquelles l'humanité, plus forte que loi, doit épargner la vie de ceux que la loi elle-même a dévoués à la mort.
L'épée de la justice est entre nos mains; mais nous devons plus souvent l'émousser que la rendre plus tranchante. On la porte dans son fourreau devant les rois, c'est pour nous avertir de la tirer rarement.
On a vu des juges qui aimaient à faire couler le sang; tel était Jeffreys, en Angleterre; tel était, en France, un homme à qui l'on donna le surnom de coupe-tête. De tels hommes n'étaient pas nés pour la magistrature; la nature les fit pour être bourreaux".
Pour finir avec Voltaire :
« Il vaut mieux hasarder de sauver un coupable plutôt que de condamner un innocent. »
Je propose tout de même à nouveau un petit arrêt sur Hugo.
« Et bien, songez-y, qu’est-ce que la peine de mort ? La peine de mort est le signe spécial et éternel de la barbarie. Partout où la peine de mort est prodiguée, la barbarie domine ; partout où a peine de mort est rare, la civilisation règne. »
Il s’agit d’une phrase célèbre extraite du discours de Victor Hugo qu’il proclama devant l’assemblée constituante en 1848.
En 1870, on supprime l'échafaud et la guillotine est à même le sol. Villiers de l'Isle-Adam auteur des Contes cruels nous propose la réflexion suivante :
"Je suis un peu pensif, je l’avoue. De cette guillotine moins l’échafaud, - de cette chute un peu trop basse, en vérité, du couteau légal (qui a l’air de s’abîmer dans une souricière) se dégage, pour tout esprit, l’impression d’on ne sait quelle grossièreté dérisoire, commise envers la Loi, la Nation, l’Humanité et la Mort. Ce sans-façon trivial, cette exagération dans le terre-à-terre de l’instrument justicier n’est ici que de la plus choquante inconvenance. Guillotine d’un peuple d’hommes d’affaires. - L’aspect de l’appareil semble, en effet, nous dire, avec une prud’homie spécieuse :
- « Tel individu a tué. Soit. Nous l’expédions donc à son tour, de la manière la plus brève, la moins cruelle possible, c’est-à-dire en gens pressés, pratiques AVANT TOUT et peu soucieux du théâtral, du déclamatoire. Pour lui épargner quelques secondes d’angoisses inutiles, NOUS avons supprimé des marches d’un moyen âge aujourd’hui démodé, ce qui réduit la peine au strict nécessaire ». [...]
Bref, on va se venger ici, c’est-à-dire équilibrer le meurtre par le meurtre, - voilà tout, c’est-à-dire commettre un nouveau meurtre sur le prisonnier ligotté qui va sortir et que nous guettons pour l’égorger à son tour. Cela va se passer en famille. Mais, encore une fois, c’est méconnaître ce qui peut seul conférer le droit de tuer dans cet esprit-là, de cette façon-là ! L’ombre que projette cette lame terne sur nos pâleurs nous donne à tous des airs de complices : pour peu qu’on y touche encore d’une ligne, cela va sentir l’assassinat ! Au nom de tout sens commun, il faut exhausser, à hauteur acceptable, notre billot national. Le devoir de l’Etat est d’exiger que l’acte suprême de sa justice se manifeste sous des dehors mieux séants. Et puis, s’il faut tout avouer, la Loi, pour sa dignité même, qui résume celle de tous, n’a pas à traiter avec tant de révoltant dédain cette forme humaine qui nous est commune avec le condamné et en France, définitivement, on ne peut saigner ainsi, à ras de terre, que les pourceaux ! La justice a l’air de parler argot, devant les dalles ; elle ne dit pas : Ici l’on tue ; mais : Ici l’on rogne. [...]
Comme j’achève ces réflexions moroses, j’entends un cri lointain, suivi d’une rumeur. Un « curieux » (on dirait que c’est toujours le même), vient de se laisser choir d’une échelle, d’où il voulait « mieux voir », et, dans sa chute, s’est, au dire d’un gardien, « fracturé la boîte osseuse ». On l’emporte agonisant. - Tout à l’heure, il eût traité de farceur celui qui lui eût chuchoté à l’oreille : « C’est toi qui passes le premier ». - Ah ! quel rêve, cette vie ! Quel feu de paille attisé par des ombres !... Cependant, la foule n’accorde aucune attention à ce décès : l’incident n’est, pour elle, qu’une sorte de lever de rideau. Ce défunt banal vient d’essuyer la planche. - Pourquoi son trépas n’intéresse-t-il personne ? N’est-ce donc pas mourir qu’on est venu voir ?
Non. Pas précisément, puisque tête brisée vaut tête coupée. D’ailleurs, derrière ces arbres, ces chevaux, à cette distance du drame, la foule sait bien qu’elle ne verra pas « couper la tête ». - Alors pourquoi vient-elle passer la nuit, ici, debout dans le froid et les ténèbres ?... Pour communier moralement et du plus près possible avec l’horreur d’un homme qui, seul entre les humains, est averti de l’instant où il va mourir. C’est, jointe à la célébrité sinistre de cet homme, la seule solennité de SA MORT qui fascine la foule et l’épouvante ; c’est, enfin, ce qui reste de l’échafaud dans l’imagination de cette foule qui impressionne, la moralise peut-être et lui donne à réfléchir ! Et non point la mort en soi, laquelle n’est qu’un fait secondaire, qu’elle voit tous les jours, pour lequel elle ne se dérangerait pas - attendu, vous le constatez, que le phénomène en est si insignifiant à ses yeux qu’elle vient d’y demeurer complètement indifférente.."
Texte disponible en intégralité
Le réalisme dans la peine de mort
Enfin il serait difficile de ne pas citer Camus : je renvoie bien évidemment à "L’Étranger" II, V, 1942 mais aussi à " La Peste "
Dans son essai "Réflexions sur la guillotine" paru en 1957, Camus rapporte cet événement devenu célèbre sur son père (qu'il n' a pas connu) qui serait revenu bouleversé du "spectacle" d'une exécution capitale.
« Il faut croire que cet acte rituel est bien horrible pour arriver à vaincre l’indignation d’un homme simple et droit, pour qu’un châtiment qu’il estimait cent fois mérité n’ai eu finalement d’autre effet que de lui retourner le cœur. » La conclusion de Camus est que « quand la suprême justice donne seulement à vomir à l’honnête homme qu’elle est censée protéger il paraît difficile de soutenir qu’elle est destinée, comme ce devrait être sa fonction, à apporter plus de paix et d’ordre dans la cité. Il éclate au contraire qu’elle n’est pas moins révoltante que le crime et que ce nouveau meurtre, loin de réparer l’offense faite au corps social, ajoute une nouvelle souillure à la première ».
La peine de mort en chanson :
"Le Gorille" 1947, titre qui est interdit d'antenne pendant des années et dans lequel Brassens évoque son désaccord avec le principe de la peine de mort.
Voilà ce que dit Brassens à propos de cette chanson :
En réalité, je me suis engagé. Seulement, les mauvais esprits ou ceux qui sont dépourvus d’esprit ne s’en sont pas aperçus. Pour que les gens un peu imbéciles s’imaginent que vous êtes engagé, il faut que vous énonciez des faits, il faut que vous leur disiez, voilà : "je suis contre la peine de mort". Moi, je n’ai pas dit "je suis contre la peine de mort", j’ai écrit Le gorille.
Extrait du LE CONDAMNE A MORT de Jean Genêt
Condamné à mort, première œuvre publiée par Genet en 1942, à compte d’auteur, alors que le poète est emprisonné à Fresnes pour vol, met en scène la dernière nuit d’un condamné à mort enfermé dans un bagne.
SUR MON COU sans armure et sans haine, mon cou
Que ma main plus légère et grave qu’une veuve
Effleure sous mon col, sans que ton cœur s’émeuve,
Laisse tes dents poser leur sourire de loup.
Ô viens mon beau soleil, ô viens ma nuit d’Espagne,
Arrive dans mes yeux qui seront morts demain.
Arrive, ouvre ma porte, apporte-moi ta main,
Mène-moi loin d’ici battre notre campagne.
Le ciel peut s’éveiller, les étoiles fleurir,
Ni les fleurs soupirer, et des prés l’herbe noire
Accueillir la rosée où le matin va boire,
Le clocher peut sonner : moi seul je vais mourir.
Ô viens mon ciel de rose, ô ma corbeille blonde !
Visite dans sa nuit ton condamné à mort.
Arrache-toi la chair, tue, escalade, mords,
Mais viens ! Pose ta joue contre ma tête ronde.
Nous n’avions pas fini de nous parler d’amour.
Nous n’avions pas fini de fumer nos gitanes.
On peut se demander pourquoi les cours condamnent
Un assassin si beau qu’il fait pâlir le jour.
Amour viens sur ma bouche ! Amour ouvre tes portes !
Traverse les couloirs, descends, marche léger,
Vole dans l’escalier, plus souple qu’un berger,
Plus soutenu par l’air qu’un vol de feuilles mortes.
Ô Traverse les murs ; s’il le faut marche au bord
Des toits, des océans ; couvre-toi de lumière,
Use de la menace, use de la prière,
Mais viens, ô ma frégate, une heure avant ma mort.
Jean Genet
Voici la version Hélène Martin 1964
Et la version Etienne Daho sur scène, 1998. Celui-ci a enregistré la version intégrale de ce poème avec Jeanne Moreau( Le Condamné à mort, de Jean Genet Jeanne Moreau et Étienne Daho 1 CD Naïve)